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- Un soulèvement populaire aux racines profondes
- Le contexte : un pays à bout de souffle
- L’explosion sociale du 25 septembre 2025
- Des manifestations massives malgré l’interdiction
- Une répression brutale et une extension rapide
- La réponse politique : une dissolution gouvernementale insuffisante
- Le geste du président Rajoelina
- Un bilan humain tragique
- Analyse : les causes structurelles de la crise
- Une fracture générationnelle inédite
- Des défaillances systémiques
- Les réactions internationales
- Perspectives : un tournant historique pour Madagascar
- Les scénarios possibles
- Un cri pour la dignité et l’égalité
Un soulèvement populaire aux racines profondes
Madagascar traverse une crise politique et sociale sans précédent. Depuis le 25 septembre 2025, des milliers de manifestants, majoritairement issus de la jeunesse, descendent dans les rues pour dénoncer les conditions de vie dégradées et la gouvernance défaillante du pays. Ce mouvement de contestation, porté par le collectif Gen Z Madagascar, marque un tournant historique pour l’un des pays les plus pauvres du monde.
Le contexte : un pays à bout de souffle
Madagascar fait face à une pauvreté endémique, avec une grande partie de sa population vivant sous le seuil de pauvreté. Dans la capitale Antananarivo, les habitants subissent quotidiennement des coupures fréquentes d’électricité et un accès défaillant à l’eau potable.
Ces difficultés sont aggravées par la mauvaise gestion de la JIRAMA, la société nationale chargée de l’eau et de l’électricité. Cette situation constitue une source permanente de mécontentement parmi la population, particulièrement chez les jeunes générations.
L’explosion sociale du 25 septembre 2025
Des manifestations massives malgré l’interdiction
Le 25 septembre 2025, des milliers de jeunes malgaches ont défié l’interdiction de manifester pour prendre la rue. Le mouvement, organisé via les réseaux sociaux par le collectif Gen Z Madagascar, dénonce trois problématiques majeures :
- Les coupures d’électricité et d’eau récurrentes
- La corruption systémique dans les institutions
- La pauvreté extrême et l’absence de perspectives pour la jeunesse
Les manifestants ont adopté des symboles empruntés à la culture populaire, notamment le drapeau pirate du manga One Piece, comme signe de ralliement et d’identité collective.
Une répression brutale et une extension rapide
Dès le premier jour, les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les foules. La situation s’est rapidement intensifiée avec des barricades, des pneus brûlés et des pillages dans des commerces et établissements publics.
La contestation s’est étendue à plusieurs villes du pays : Toamasina, Antsirabe, Toliara et Antsiranana. Face à l’ampleur du mouvement, un couvre-feu a été instauré dans la capitale, de 19h à 5h.
La réponse politique : une dissolution gouvernementale insuffisante
Le geste du président Rajoelina
Le 29 septembre 2025, confronté à la crise, le président Andry Rajoelina a annoncé la dissolution du gouvernement et le limogeage du premier ministre. Dans une allocution télévisée, il a reconnu des « erreurs » dans la gestion du pays.
Cependant, cette mesure spectaculaire est jugée insuffisante par les manifestants, qui réclament des changements plus profonds, incluant la démission du président lui-même. Beaucoup dénoncent ces annonces comme des « promesses d’ivrogne ».
Un bilan humain tragique
Selon le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies, le bilan est dramatique :
- Au moins 22 personnes tuées
- Plus d’une centaine de blessés
- Des passants et manifestants visés par des tirs à balles réelles
Le HCDH a exprimé son indignation et exige que les forces de sécurité s’abstiennent d’user d’une force disproportionnée.
Analyse : les causes structurelles de la crise
Une fracture générationnelle inédite
Ce mouvement se distingue par son caractère majoritairement porté par la jeunesse. Une génération connectée qui :
- Se mobilise via les réseaux sociaux
- S’inspire de mouvements mondiaux (Népal, Kenya)
- Revendique une voix dans le débat politique
- Refuse les inégalités et la mauvaise gouvernance
Des défaillances systémiques
Les manifestations révèlent l’épuisement du modèle de gouvernance malgache, caractérisé par :
- Des infrastructures énergétiques vieillissantes et mal entretenues
- Une gestion défaillante des services publics (eau, transport, électricité)
- Une corruption endémique dans les secteurs politiques et économiques
- Une absence de perspectives économiques pour les jeunes
Les réactions internationales
L’ONU et des organisations régionales comme la SADC ont demandé le respect des droits humains et la recherche d’une solution politique. Des institutions religieuses malgaches, comme le FFKM, ont appelé au calme et à un dialogue national.
Perspectives : un tournant historique pour Madagascar
Les scénarios possibles
La crise malgache comporte plusieurs risques de dérive :
- Une radicalisation accrue si les demandes restent ignorées
- Une nouvelle vague de violence en cas de répression continue
- Un affaiblissement politique du président
- Ou une ouverture vers des réformes profondes et un dialogue social constructif
Un cri pour la dignité et l’égalité
Les manifestations de septembre 2025 représentent un moment charnière pour Madagascar. Au-delà des coupures d’électricité, il s’agit d’un cri collectif pour la dignité, l’égalité et une gouvernance responsable.
L’issue de cette crise dépendra de la capacité des autorités à engager un dialogue sincère et à mettre en œuvre une réorientation profonde du modèle de développement du pays. Sans réformes structurelles, Madagascar risque de s’enfoncer dans une instabilité durable.