Maroc : la génération Z défie le pouvoir malgré les arrestations

Depuis le 27 septembre 2025, le collectif GenZ212 mobilise la jeunesse marocaine pour réclamer des réformes dans l’éducation et la santé, malgré les arrestations et l’interdiction des autorités.

© Des milliers de manifestants, principalement des jeunes du collectif GenZ212, réclament des réformes dans l’éducation et la santé publique lors d’une mobilisation au Maroc.

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Un mouvement inédit porté par la jeunesse connectée

L’émergence du collectif GenZ212

Les premières manifestations ont eu lieu le 27 septembre 2025 dans des villes comme Rabat, Casablanca, Marrakech, Agadir et Tanger. Le mouvement, qui se présente sous le nom de GenZ212, a été coordonné principalement via les réseaux sociaux par des collectifs de jeunes décentralisés.

Un groupe se présentant sous le nom de « Moroccan Youth Voice » a mis en ligne un site web et des comptes sur Instagram, TikTok et Telegram. Le compte Telegram, créé le 2 septembre 2025, a commencé à publier le 16 septembre. Cette organisation numérique révèle une nouvelle forme de mobilisation citoyenne au Maroc, où la jeunesse utilise les outils digitaux pour contourner les canaux traditionnels.

Des revendications sociales claires

Les manifestants clamaient le slogan « Liberté, dignité, justice », tout en dénonçant l’état dégradé du système éducatif et l’accès insuffisant aux soins de santé publique. L’accès aux soins était déjà l’une des revendications des manifestants du mouvement social du Rif (du nom de la région au nord-est du pays), entre 2016 et 2017, montrant la persistance de ces problématiques structurelles.

Une répression marquée par des arrestations massives

Un déploiement sécuritaire important

Dès le premier jour, les autorités marocaines ont répondu par un dispositif sécuritaire conséquent. À Rabat, la zone autour de la place du Parlement a connu une forte présence sécuritaire. Les rassemblements tenus sur place ont été dispersés.

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Les mobilisations ont été préalablement interdites par les autorités locales, mais cela n’a pas empêché les jeunes de descendre dans la rue. Les forces de l’ordre ont procédé à des interpellations dans plusieurs villes du royaume.

Un bilan humain préoccupant

Selon les organisations de défense des droits humains, plus de 70 personnes ont été arrêtées, d’après Hakim Sikouk, président de la section de Rabat de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH). Plus de 50 jeunes du mouvement « GenZ212 » ont été interpellés au Maroc, principalement à Casablanca, Rabat, Safi et Tinghir.

Certains participants ont été interpellés, dont l’avocat et conseiller municipal pour la Fédération de la gauche démocratique (FGD), illustrant que la répression a également touché des militants et des élus locaux venus soutenir le mouvement.

Un mouvement qui refuse de s’essouffler

La réaffirmation des principes pacifiques

Malgré les arrestations, le collectif GenZ212 a publié un communiqué réaffirmant sa détermination. Le texte dénonce « des arrestations arbitraires » visant plusieurs participants « sans motifs clairs », ce que le collectif considère comme une atteinte à un droit constitutionnellement garanti. Le collectif a également réaffirmé son attachement à la non-violence.

Cette posture pacifique rappelle d’autres mouvements de la génération Z à travers le monde, notamment au Kenya ou à Madagascar, où les jeunes ont utilisé les réseaux sociaux pour mobiliser autour de revendications sociales et démocratiques.

La poursuite des mobilisations

La veille, des manifestations similaires avaient été dispersées par les autorités, entraînant l’interpellation de jeunes et de militants, relâchés plus tard dans la soirée. Cependant, le mouvement ne faiblit pas. Des appels à de nouvelles mobilisations continuent de circuler sur les réseaux sociaux, témoignant de la détermination de cette jeunesse à faire entendre sa voix.

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Contexte : des problématiques structurelles anciennes

Un système de santé sous tension

Au Maroc, les inégalités sociales de santé restent un problème majeur dont les jeunes et les femmes sont les premières victimes. Le système de santé publique marocain souffre de sous-investissement chronique, d’infrastructures vieillissantes et d’une répartition inégale des ressources entre les zones urbaines et rurales.

La pandémie de Covid-19 a révélé au grand jour les failles du système hospitalier, avec des établissements saturés et un personnel médical insuffisant. Ces carences ont particulièrement affecté les populations les plus vulnérables, créant un sentiment d’injustice sociale chez la jeunesse.

L’éducation, un chantier inachevé

Le système éducatif marocain fait également face à des défis majeurs : sureffectif dans les classes, infrastructures inadéquates, niveau de formation des enseignants, et décrochage scolaire important. Pour une jeunesse qui représente une part significative de la population, ces défaillances limitent les perspectives d’ascension sociale et alimentent un sentiment de frustration collective.

Réactions et soutiens multiples

Le rôle des organisations de la société civile

Une contestation portée et amplifiée par des relais militants traditionnels s’est manifestée. L’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) a joué un rôle de documentation et de dénonciation des arrestations, rappelant que le droit de manifester pacifiquement est garanti par la Constitution marocaine.

Des ONG nationales et internationales ont également appelé au dialogue et à la retenue, soulignant l’importance d’écouter les revendications légitimes de la jeunesse plutôt que de recourir à la répression.

Perspectives : vers un dialogue ou une escalade ?

Les défis pour les autorités

Le gouvernement marocain se trouve face à un dilemme : ignorer ces revendications risque d’alimenter la colère et de renforcer la mobilisation, tandis qu’une répression accrue pourrait ternir l’image du royaume sur la scène internationale et radicaliser une partie de la jeunesse.

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La capacité des autorités à ouvrir un dialogue sincère avec les représentants de ce mouvement sera déterminante. Des réformes concrètes dans les secteurs de la santé et de l’éducation apparaissent comme des réponses nécessaires pour apaiser les tensions.

Un mouvement qui s’inscrit dans une dynamique régionale

Le mouvement GenZ212 n’est pas isolé. Il s’inscrit dans une vague de contestations portées par la jeunesse africaine, observée récemment à Madagascar, au Kenya ou en Ouganda. Ces mouvements partagent des caractéristiques communes : organisation via les réseaux sociaux, rejet de la corruption, demande de transparence et exigence de meilleures conditions de vie.

Cette génération connectée, éduquée et politiquement consciente, refuse d’accepter le statu quo et réclame sa place dans la construction de l’avenir de son pays. L’issue de cette crise dépendra largement de la volonté politique de transformer ces revendications en actions concrètes.

FAQ : comprendre les manifestations GenZ212 au Maroc

Q1 : Qui est derrière le mouvement GenZ212 ? Il s’agit d’un collectif de jeunes décentralisé, organisé principalement via les réseaux sociaux (Instagram, TikTok, Telegram). Le mouvement se présente également sous le nom de « Moroccan Youth Voice » et mobilise sans structure hiérarchique apparente.

Q2 : Quelles sont les principales revendications des manifestants ? Les manifestants réclament une réforme en profondeur du système éducatif et des services de santé publique. Ils dénoncent également les inégalités sociales, le manque d’opportunités pour la jeunesse et demandent plus de transparence et de justice sociale.

Q3 : Combien de personnes ont été arrêtées lors des manifestations ? Selon l’Association marocaine des droits de l’homme, plus de 70 personnes ont été arrêtées le premier jour à Rabat. Au total, plus de 50 jeunes ont été interpellés dans plusieurs villes du Maroc, dont Casablanca, Rabat, Safi et Tinghir.

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